Posté par Nicolas Winz, special merci ...


MUES HUMAINES, sculptures réalisées sur le modèle dans mon atelier, in situ ou à domicile,
ainsi que pendant des performances publiques
Entre 1h et 1h1/2 de séance sont nécesaires pour réaliser l'objet final MUE (sculpture-portrait, seconde peau). Mais certaines mues ont pu se développer sur 3, 4 ou 5 heures. Une vidéo de la séance, des photos, peuvent témoigner de l'expérience. J'installe aussi les mues dans le domicile -ou jardin- de la personne muée.

Quand j'ai commencé à réaliser des MUES HUMAINES, c'est avant tout le processus de création de la mue, et les rencontres qu'il suscitait, qui m'ont passionné.
Chaque mue suit un rituel spécifique, autour d'une technique simple et radicale, l'enveloppement du corps selon une spirale continue.
Lors des séances de mue, les films plastiques et les rubans adhésifs épousent le corps selon la dualité Derme/Epiderme.
La performance est vécue de l'intérieur et dure le temps désiré par le modèle, s'ouvre à toutes possibilités de jeu et de voyage intérieur. Vu de l'extérieur, le masque intégral qui recouvre peu à peu son hôte le transforme en poupée de chair et de sang, en corps désincarné, en marionnette vivante. Mais pour la personne qui mue, c'est un rite initiatique qui voile l'apparence et la vision pour atteindre à une hypersensibilité intime, une révolution de son rapport au monde, une mutation de la peau qui redéfinit les limites du corps, interface et territoire à explorer. Le vécu de chaque personne durant l'expérience, et les images qui en résultent, diffèrent selon les personnes et le déroulement du rituel.
Après la libération par découpe de sa seconde peau, la personne tient entre ses bras une forme qui lui appartient, hantée, tout juste détachée d'elle et pourtant si intime, son spectre, une vision de soi en 3D. L'objet " mue " témoigne du rituel accompli, et devient fétiche, imprégné de tout une histoire, mystérieusement chargé.
Manipuler sa propre mue, c'est entrer en possession de son ombre incarnée, prendre soin de son aura, fragile et aérienne, tenir dans ses mains notre premier territoire intime, la peau. Les mues issues de ces expériences sont ensuite intégrées dans mes installations plastiques évolutives et/ou offertes (rendues) à leur propriétaire.
Une mue intégrale se déroule selon 4 phases successives:
- Pose du film étirable sur l'ensemble du corps (avec des ouvertures pour
respirer)
- Fixation du film étirable (cello) à l'aide de rubans adhésifs (scotch) déroulés en bandes chevauchées
- Massage intégral pour assurer la cohésion scotch/cello (principe
Derme/Epiderme) et la proximité avec la peau.
- Découpe de la seconde peau en une seule pièce.

 


Chaque séance est l'occasion de créer un rituel particulier
ajusté à ce qui se passe, au ressenti et aux envies.

Toute mue est singulière, réalisée sur-mesure
et ouverte à des improvisations concertées.

Le déroulement de la mue s'inscrit ainsi dans l'évolution de mes recherches
personnelles, autant que dans l'alchimie des rencontres, et peut déboucher sur d'autres performances, ou sur des installations mêlant vidéo, rétroprojections, jeux de lumière, bandes sonores.

Mue de Bruno
Mue d'Isabelle

 


LE VéCU DE LA MUE
"La trace écrite au mois d'août existe encore, même si elle se trouve datée. Il y est surtout question de sensations tactiles. ...
Elles me paraissent plutôt étranges, parce qu'en souvenir, elles deviennent légères, alors que si je vois du film étirable, il me vient une très forte, voire énervante, envie de le toucher, de jouer avec, de sentir sa plasticité entre mes doigts. Et puis en me moulant le corps, il inversait ainsi les rôles.
Ce qui me vient d'abord, c'est une idée de fraîcheur. Contre la peau. La première couche fige déjà la peau comme en remplaçant l'enveloppe membraneuse par une autre et limite les mouvements superficiels. Pourtant, elle semble beaucoup moins dure que le scotch. Les extrémités, particulièrement les mains, sont rétrécies dans une posture de tassement (poignets cassés, doigts les uns sur les autres...). Les jambes doivent se maintenir desserrées et les bras à distance du buste pour ne pas couper la circulation du sang et la respiration. (Probablement arborais-je une parfaite dégaine de cow-boy !)
Par rapport au premier enrobage, le scotch, aussi, constituant la seconde couche, accentue l'effet sonore, qui lui-même devient tactile. Tout le corps fait caisse de résonance. Je sentais l'écho de ce son contre mon buste et la pression du scotch là où il était accroché. Cela participe vraiment à l'impression d'entrer dans un cocon, comme si c'est le corps qui provoque le son, sauf que nous (les oreilles) sommes à l'intérieur.
Le mouvement aussi, micro, provient de l'intérieur. Il vibre, dans le moulage. Le corps est contenu. Le plus agréable, ce sont les ailes. Les bras contraints à une presque absolue immobilité, les omoplates se mettent enfin à vivre ! Elles frétillent et incitent à se confondre avec les oiseaux. En t'écrivant ces mots, je ne peux m'empêcher de me remettre à les bouger. Ô joie de voler ! C'est possible. Et sans risque.
Et puis il y a eu ce fameux moment où tu m'as soulevée de terre. C'est fou d'ailleurs, l'expérience reste très plaisante dans mon souvenir, mais la mue, durant cet instant, m'a dépourvue de mes sens (mise à part la vue). Aucune appréhension de la chute en arrière signifie également l'absence de la sensation de se laisser tomber. J'ai compris que tu me faisais basculer parce que le peu que je voyais bougeait. En fait je me suis trouvée en apesanteur.
Une fois retirée, la mue, ce gros morceau de scotch, me reste autant qu'un bout de moi. Une chose que je garde, et regarderai, précieusement. Je te remercie pour ce passage et te souhaite un très bon chemin."
Aude

contact@yorga.org

in-situs Projets

Le point de vue des araignées:

Les exuvies sont les enveloppes laissées par les insectes après leur mue.

Comme tous les arthropodes, les araignées sont recouvertes d'une cuticule plus ou moins rigide selon les parties du corps. L'opistosoma (abdomen) est souple et peut se dilater lorsque l'animal se nourrit ou lorsque la femelle est pleine d'oeufs, alors que le prosoma (céphalothorax) et les membres sont recouverts d'une cuticule beaucoup plus épaisse et rigide. La rigidité de cette cuticule pose un problème lors de la croissance de l'animal : pour grandir celui-ci est obligé de "changer de peau"... On appelle ceci la mue. L'épiderme sécrète une nouvelle cuticule sous l'ancienne qui se décolle après avoir été en grande partie dissoute par l'épiderme (la plupart des matériaux sont "recyclés"). Puis l'ancienne cuticule se fend et l'animal en sort laissant derrière lui ce qu'on appelle une exuvie et que l'on peut facilement observer accrochée au bas des toiles chez certaines espèces. Les gens confondent souvent ces exuvies avec des cadavres d'araignées. Chez les araignées, l'exuvation commence en général par l'avant du prosoma qui s'ouvre en deux, puis deux fentes se forment de chaque côté de l'opistosoma, ensuite vient le tour des appendices qui doivent être extirpés de leurs gaines. Ceci demande de nombreux efforts à l'animal et il n'est pas rare que celui-ci meure ou perde un membre lors de la mue. Les membres perdus peuvent être regénérés lors de la mue suivante. Une fois sorti de son ancienne cuticule, l'animal doit attendre que son nouveau squelette externe sèche et se durcisse au contact de l'air.

La plupart des araignées européennes ne vivent qu'un an. Elles effectuent de 5 à 10 mues, selon les espèces, lors de leur vie juvénile jusqu'au stade adulte où elle sont aptes à se reproduire. Chez les araignées vivant plusieurs années, les femelles peuvent effectuer d'autres mues à l'état adulte. La mue est une phase critique de la vie de l'araignée pendant laquelle l'animal est très vulnérable. C'est pourquoi les araignées se retranchent dans un endroit calme pour muer. De nombreuses espèces tissent une loge de mue dans une anfractuosité ou sous une pierre, d'autres se pendent à un fil pour avoir une plus grande liberté de mouvement.

De nombreuses araignées meurent durant la mue, soit parce que celle-ci se déroule mal, soit par prédation. Chez certaines espèces les mâles attendent près des loges des femelles immatures que celles-ci effectuent leur dernière mue. S' ils s'accouplent juste après la mue, les crochets venimeux de la femelle n'étant pas encore durcis, ils ne courent aucun risque de se trouver dévoré après l'acte.